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Interview avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute

EXTRAIT de l’interview de Rozalina Dotchava avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute.
Rozalina Dotchava : – J’aimerais revenir sur le statut de l’objet en art-thérapie: différent de celui de l’objet d’art, il se construit dans le transfert, il doit être le plus éphémère possible, ni conservé, ni exposé… ce dernier … pourquoi ?
Nathalie Bonnes : – L’objet en art-thérapie est un prétexte à la parole, à la relation transférentielle. Il vient inscrire cette relation dans un moment donné qui a peu de rapport avec la réalité. C’est un objet qui fait partie de l’intime du patient parce que justement il est créé dans un espace transférentiel, dans une relation particulière. Des choses s’y inscrivent et se disent de l’intime du patient. Des choses de l’ordre du fantasme, de l’ordre d’une « autre scène ». Pour ces raisons il est impossible d’exposer aux yeux de tous quelque chose qui fait partie de l’insu du patient, qui est sorti de son inconscient ou qui a permis l’ouverture de cet inconscient lors d’un instant rapide, fugace. Il y a des choses que l’on doit garder en mémoire sans être obligé de les avoir constamment sous les yeux, dans le sens où elles ne témoignent que d’une « vérité éphémère », envelopper d’un voile protecteur. Cet objet n’a rien à voir avec le « beau, l’esthétique, le pur ». Il a à voir plutôt avec le « pur réel », l’impensable, l’impossible à dire. Il ne doit pas devenir persécuteur en nous regardant constamment comme nous le regardons et comme d’autres nous voient le regarder et le regardent aussi. Cela deviendrait malsain il me semble et à l’inverse de ce que nous cherchons.

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Nathalie Bonnes-Perrot

Vous pouvez lire l’interview entière sur les liens suivants :

Partie 1

Partie 2

Dynamique des séances d’art-thérapie

La dynamique des séances d’art-thérapie, c’est la quête du sujet qui se révélera après-coup. Pour que cela puisse se produire, l’art-thérapeute offre un espace de sécurité qui permet à l’individu de s’exercer dans des associations libres d’éléments mis à sa disposition, selon son désir de l’instant. L’art-thérapeute devra se tenir à la hauteur de ses actes, de ses paroles, il s’investira dans sa capacité d’engagement à soutenir le transfert, pour cela il devra toujours réinventer et se mettre à l’écoute.
L’art-thérapie propose d’apprendre à faire avec ce que l’on est, le patient apprend à faire avec ce qu’il est, et l’art-thérapeute aussi. L’art-thérapeute s’interroge sur tout ce qui peut advenir et dans ce qu’il peut écouter chez l’autre. Il écoute aussi les réponses qu’il apporte et essaie de les analyser. Si l’art-thérapeute prend conscience des liens intrapsychiques qui agissent dans la relation avec l’autre, il peut alors tenter de proposer d’autres réponses que celles attendues. L’écoute est génitrice d’événements, elle permet une mobilité stucturante. Le transfert lacanien s’inscrit dans le langage et le savoir, le patient attribue à l’art-thérapeute un supposé savoir sur le bricolage avec la vie, et il devra se mettre au travail afin de sortir de cette position.

Références :

JP. Royol – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.

À propos du transfert

L’art-thérapie prend comme point de départ la création d’un sujet autour d’un réel. L’individu est créatif, il ne le sait pas toujours, mais pour composer avec ce que la vie lui propose, il lui a fallu être créatif. L’art-thérapie va permettre à l’individu de bricoler pendant les séances, il va inventer des formes de solutions, les tester afin de les faire siennes, ensuite il pourra peut-être les utiliser en dehors.
Pour que cela puisse se produire, l’art-thérapeute offre un espace qui permet à l’individu de s’exercer dans des associations libres d’éléments mis à sa disposition, selon son désir de l’instant.
La psychanalyse, pour Jacques Lacan, touche à ce qui vient du dehors, aux signifiants. Seul le langage de l’inconscient ouvre à une certaine connaissance de soi. Les manifestations et l’identification de l’inconscient permettent de retrouver du langage et du sens. Les demandes, les souhaits, les obsessions, les répétitions, les hésitations, les besoins, les actes… sont comme autant de langages à observer pour ouvrir l’espace propice à une nouvelle façon de communiquer. Le sujet est articulé par ce langage dont il n’a que peu de maîtrise, il peut se déployer au centre d’un autre regard. Son langage le signifie, parle de lui à son insu. Toutes les expressions du sujet le structurent et sécrètent sa vérité. Ainsi Lacan incite à être attentifs aux signifiants qui donnent un accès au cœur du sujet, au cœur de son désir.
Nasio dira que l’inconscient relie et noue les êtres, dans une relation de transfert bien établi. L’inconscient se révèle dans un acte inattendu, un signifiant qui annonce le sujet de l’inconscient qui peut dire sa vérité. Il est indispensable qu’un autre sujet écoute, et reconnaisse la portée de l’inconscient.

Références :

JP. Royol – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.
Nasio JD – Cinq leçons sur la théorie de Jacques Lacan – Petite bibliothèque Payot -1992.
Franck Chaumont – La loi, le sujet et la jouissance – Éditions Michalon – 2004.