Archives mensuelles : septembre 2014

Interview avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute

EXTRAIT de l’interview de Rozalina Dotchava avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute.
Rozalina Dotchava : – J’aimerais revenir sur le statut de l’objet en art-thérapie: différent de celui de l’objet d’art, il se construit dans le transfert, il doit être le plus éphémère possible, ni conservé, ni exposé… ce dernier … pourquoi ?
Nathalie Bonnes : – L’objet en art-thérapie est un prétexte à la parole, à la relation transférentielle. Il vient inscrire cette relation dans un moment donné qui a peu de rapport avec la réalité. C’est un objet qui fait partie de l’intime du patient parce que justement il est créé dans un espace transférentiel, dans une relation particulière. Des choses s’y inscrivent et se disent de l’intime du patient. Des choses de l’ordre du fantasme, de l’ordre d’une « autre scène ». Pour ces raisons il est impossible d’exposer aux yeux de tous quelque chose qui fait partie de l’insu du patient, qui est sorti de son inconscient ou qui a permis l’ouverture de cet inconscient lors d’un instant rapide, fugace. Il y a des choses que l’on doit garder en mémoire sans être obligé de les avoir constamment sous les yeux, dans le sens où elles ne témoignent que d’une « vérité éphémère », envelopper d’un voile protecteur. Cet objet n’a rien à voir avec le « beau, l’esthétique, le pur ». Il a à voir plutôt avec le « pur réel », l’impensable, l’impossible à dire. Il ne doit pas devenir persécuteur en nous regardant constamment comme nous le regardons et comme d’autres nous voient le regarder et le regardent aussi. Cela deviendrait malsain il me semble et à l’inverse de ce que nous cherchons.

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Nathalie Bonnes-Perrot

Vous pouvez lire l’interview entière sur les liens suivants :

Partie 1

Partie 2

Art-thérapie et narcissisme

L’écoute de l’art-thérapeute se situe dans un renoncement. Il a renoncé à se valoriser personnellement, il ne recherche pas la reconnaissance de l’autre et se coupe de toute manipulation possible de sa part. Il veillera à l’économie narcissique de son moi. Il doit être une oreille particulièrement attentive qui encourage la formation de l’expression de signifiants. Par son écoute, il propose à l’autre d’élargir sa réflexion, il l’accompagne ainsi dans sa recherche.
Le narcissisme de l’art-thérapeute s’il n’est pas mis en veille, peut déranger le cours du processus art-thérapeutique. Comme tend à le démontrer Chaumon dans son ouvrage, il ne faudrait pas que l’espace art-thérapeutique fasse la promotion d’un art-thérapeute gouvernant ses pulsions, et étant la vivante incarnation d’un être idéal. Cela démontrerait un moi maître en sa demeure et situerait alors l’art-thérapie dans les thérapies adaptatives.
Lacan nous ouvre la voie, en nous proposant de travailler en supervision afin de sentir (entre autres), notre égo et de nous permettre de nous situer comme un être faillible.

Référence :

Chaumon Franck – Lacan, La loi, le sujet et la jouissance – Michalon le bien commun – 2004. P 47 à 56.