L’art-thérapeute crée un espace qui permet, par la conduite de son dispositif, de libérer l’imaginaire du patient. Il s’agit d’un cadre contenant, ainsi que du cadre interne de l’art-thérapeute, ce cadre interne est porté par le désir même de l’art-thérapeute. Ce désir est de rencontrer autrui en s’adressant à lui en tant qu’être singulier. L’art-thérapeute n’oublie pas que l’autre est quelqu’un et qu’il est présent dans sa position et son savoir-faire. L’art-thérapeute n’attend pas que l’autre produise quelque chose pour lui, son désir est de le voir s’exprimer librement. Il conduit son dispositif de façon à placer l’autre au centre de ses préoccupations. L’art-thérapeute accueille l’autre pour ce qu’il est, il attend, il module, il modèle pour recevoir ce qui peut advenir. L’art-thérapeute éveille et cherche le désir de l’autre qu’il accompagne et respecte, il aide l’autre à renouer avec ce désir. Pour cela, il ne programme jamais par avance la réponse de l’autre, il cherche le bon moment pour s’adresser à lui, il dose pour savoir ce qu’il doit lui proposer, il invente. Mais ce n’est pas tout. L’art-thérapeute s’interroge sur la forme de sa proposition ; la singularité de l’art-thérapeute prend en compte la singularité de celui à qui il s’adresse. L’art-thérapeute doit faire preuve de justesse, de finesse. Le dispositif doit s’apparenter au mot d’esprit, il doit produire du plaisir afin que le patient s’approprie le jeu, le fasse sien, provoque l’envie et le désir de poursuivre l’aventure. L’art-thérapeute doit savoir produire du plaisir de faire chez l’autre. La proposition de l’art-thérapeute tient lieu de lien, établit la communication, crée le sens de la rencontre, une rencontre poétique hors champs.
Référence :
JP. Royol – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.
Joël Dor – Introduction à la lecture de Jacques Lacan – Denoël – 2002.