Archives pour la catégorie Lecture

Une saison chez Lacan – Pierre Rey

« Je me ruai dans une librairie pour acheter les Écrits. J’eus beau les parcourir toute la nuit, je n’y compris absolument rien. En apparence, Lacan utilisait pourtant les mots de tout le monde, mais la façon dont il truffait le contexte à des places énigmatiques leur conférait une connotation ambigüe qui rendait évanescent le sens de la phrase, privée soudain de ses automatismes ordinaires.
L’alternative était simple : ou j’étais stupide, ou ces textes relevaient du pur délire.
(…) Dès qu’il s’agit de langage, unique bien commun reçu en partage de naissance, chacun s’imagine que la faculté de s’exprimer donne le droit de comprendre et que l’accès au son débouche obligatoirement sur celui du sens. » Pierre Rey

Il est vraiment difficile d’avoir accès aux écrits de Lacan, nul doute sur ce fait, Pierre Rey décrit avec précision ce que l’on ressent quand on commence à se pencher sur cette expérience.
Cependant, beaucoup d’auteurs (Nasio, Chaumon, Dor…) nous aident à saisir les codes de cette nouvelle langue, et en avançant à petit pas, on commence à avoir accès à un autre mode de pensée et de logique qui sont une expérience explosive pour la psychée.
J’ai pu rester bloquée plusieurs heures sur une phrase qui me laissait en plein désaroi, comme si je sentais qu’elle contenait un sens caché. Avancer vers Lacan, c’est aller vers une expérience inédite qui permet de se remettre en question mais aussi c’est avancer vers la créativité.

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Pierre Rey – Une saison chez Lacan – Points – Éditions Robert Lafon et n° 1 – 1989.

 

Lola Valérie Stein

Ces images d’Olivier Stein, nous font percevoir un autre regard sur le personnage de Lola Valérie Stein… à découvrir.
« Elle ne parla que pour dire qu’il lui était impossible d’exprimer combien c’était ennuyeux et long d’être Lol V. Stein. »

À propos de Marilyn Lol
« Nous mettrons ici le même écart entre « être dupe » et « se faire la dupe » qu’il y a entre l’objet du fantasme d’un homme et accepter de s’en faire l’objet cause du désir. Cet écart est celui de l’accés à une place de semblant. Se faire l’objet du fantasme masculin conduit une femme à cette relation de « ravage » qui caractérise aussi bien la relation mère-fille quand, enfant, elle se fait objet du désir « pervers » de la mère. Tandis qu’accepter de se faire l’objet cause du désir pour un homme, accepter de se prêtre à la perversion masculine, souligne l’accès à une place de semblant. Adopter cette place est une façon pour une femme de se faire la dupe du choix de l’inconscient. »

Extrait de texte de M-F De Munck, Le croyant et la dupe.

Références :

Marguerite Duras – Le Ravissement de Lol V. Stein – Folio – Éditions Galimard 1964.
Le blog d’Olivier Steiner

 

Marguerite Duras, de la douleur du désir

Marguerite Duras dit si bien « Une solitude sans laquelle on ne fait rien. » Singulière et unique, elle parle de sa façon de faire avec la solitude, qu’elle associe au noir, au trou. « Le doute contient la solitude, le trou. » À voir, un reportage de Benoît Jacquot où elle se dit si bien. « Écrire c’est ne rien dire, c’est écrire. » (1)

« Il faut toujours une séparation d’avec les autres gens autour de la personne qui écrit des livres. C’est une solitude. C’est une solitude de l’auteur, celle de l’écrit. Pour débuter la chose, on se demande ce que c’était ce silence autour de soi. Et pratiquement à chaque pas que l’on fait dans une maison et à toutes les heures de la journée, dans toutes les lumières, qu’elles soient du dehors ou des lampes allumées dans le jour. Cette solitude réelle du corps devient celle, inviolable, de l’écrit. » Écrire – Marguerite Duras

À la question : « C’est quoi Duras ? » Elle répondait : « C’est laisser le mot venir quand il vient, l’attraper comme il vient, à sa place de départ, ou ailleurs, quand il passe. Et vite, vite écrire, qu’on n’oublie pas comment c’est arrivé vers soi. J’ai appelé ça « littérature d’urgence ». Je continue à avancer, je ne trahis pas l’ordre naturel de la phrase. C’est peut-être ça le plus difficile, de se laisser faire. Laisser souffler le vent du livre…» (3)

« C’est l’inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n’est même pas une réflexion, écrire, c’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d’en perdre la vie. » Écrire – Marguerite Duras

« L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. » (2)

Marguerite Duras nous parle de la douleur et du désir, de la douleur du désir.

Références :

(1) Écrire – Benoît Jacquot.
(2) Écrire – Marguerite Duras – Folio – 1993.
(3) Duras le centenaire – Télérama hors série – Avril 2014.

 

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« Ce que je peux dire c’est que la sorte de solitude de Neaupphle a été faite par moi. Pour moi. Et que c’est seulement dans cette maison que je suis seule. Pour écrire. » M-D

 

Je est un autre – Joël Clerget

Joël Clerget,  psychanalyste et écrivain propose dans ce texte, de nous parler du je dans l’espace poétique du faire. « Le poète est celui qui fait. Il fait acte. Il est un faiseur. Un faiseur de mot. Un faiseur avec les mots. » Tout ceci est relié à la psychanalyse avec finesse.

«Je ne suis pas qui vous croyez. Je ne sais pas davantage qui je suis – et si je le savais, serais-je vraiment celui-là ? Mon identité et mon existence me portent, l’une et l’autre, hors de moi. Elles m’invitent à la conquête de mon visage et de mon je.» Joël Clerget

Moi, ça me parle.
De plus, ce texte est riche d’extraits de poètes avec de belles illustrations.

Je vous invite à lire ce magnifique texte mis à disposition par les éditions Amourier.