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Jusqu’où irons nous pour les rencontrer ? à propos de l’autisme

Frédéric Philibert, parent d’un petit garçon autiste, a réalisé un film d’animation – Mon petit frère de la lune –  « Une petite fille essaie de faire comprendre pourquoi son petit frère (autiste) n’est pas vraiment comme les autres enfants et donne sa version des faits ».

Ce film a reçu le Grand prix et le Prix du public du Festival Handica-Apicil 2007.

Parlêtre, par lettre

Lacan emploi, pour citer l’individu porteur du sujet de l’inconscient en tant que divisé, dans son langage et dans son corps, le nom de parlêtre. Le sujet est porteur d’un manque à être, il est pris dans un réseau de signifiants. Je dis parlêtre, et j’entends aussi par lettre, ce qui pourrait indiquer que l’homme s’exprime par la lettre. Il relève de l’instance de la lettre c’est à dire de la culture, il s’exprime par l’écrit, par le faire, par le corps.
Lacan énoncera « Je parle sans le savoir. Je parle avec mon corps et ceci sans le savoir. Je dis donc toujours plus que je ne sais. » ce qui renvoie à la notion de symptôme, un savoir inconscient qui se manifeste, les effets du réel qui s’expriment dans la jouissance par un nouage entre le corps et l’inconscient, ce symptôme d’adresse à quelqu’un. Lacan inventera le parlêtre pour dire que la jouissance accompagne le sujet de l’inconscient.
Le parlêtre véhicule lalangue qui constitue un bouillon sonore qui n’existe que comme parlé, donc aussi entendu, lalangue s’exerce dans la jouissance sonore. Le parlêtre ajoute à l’inconscient sujet du désir, la parole n’est pas parole morte, elle véhicule le désir et la jouissance. Le terme de parlêtre convoque un savoir insu qui s’articule dans la parole par le verbe.
Cela permet de faire le lien avec l’art-thérapie, le parlêtre est un être d’expression singulière qui peut se laisser entre-apercevoir dans une relation tranféro-contre-transférentielle. L’espace d’art-thérapie est le lieu où le corps, lalangue, la parole peuvent s’exprimer avec singularité dans un cadre contenant. L’espace d’art-thérapie accueille chaque parlêtre avec son mode singulier porteur de sa jouissance. L’art-thérapeute peut être le dépositaire de ce symptôme véhiculé par le patient, et il est même parfois supposé être à l’origine de la souffrance du patient.

Références :

Colette Soler – Du parlêtre – L’en je lacannien – 2/2008. Cairn.info.
Cartel : Monique Amirault, Serge Cottet, Claude Quénardel, Marie-Hélène Roch, Pascal Pernot (plus-un). Rédacteur : Pascal Pernot – Du sujet de l’inconscient au parlêtre.

Le cadre de la séance d’art-thérapie

L’art-thérapeute crée un espace qui permet, par la conduite de son dispositif, de libérer l’imaginaire du patient. Il s’agit d’un cadre contenant, ainsi que du cadre interne de l’art-thérapeute, ce cadre interne est porté par le désir même de l’art-thérapeute. Ce désir est de rencontrer autrui en s’adressant à lui en tant qu’être singulier. L’art-thérapeute n’oublie pas que l’autre est quelqu’un et qu’il est présent dans sa position et son savoir-faire. L’art-thérapeute n’attend pas que l’autre produise quelque chose pour lui, son désir est de le voir s’exprimer librement. Il conduit son dispositif de façon à placer l’autre au centre de ses préoccupations. L’art-thérapeute accueille l’autre pour ce qu’il est, il attend, il module, il modèle pour recevoir ce qui peut advenir. L’art-thérapeute éveille et cherche le désir de l’autre qu’il accompagne et respecte, il aide l’autre à renouer avec ce désir. Pour cela, il ne programme jamais par avance la réponse de l’autre, il cherche le bon moment pour s’adresser à lui, il dose pour savoir ce qu’il doit lui proposer, il invente. Mais ce n’est pas tout. L’art-thérapeute s’interroge sur la forme de sa proposition ; la singularité de l’art-thérapeute prend en compte la singularité de celui à qui il s’adresse. L’art-thérapeute doit faire preuve de justesse, de finesse. Le dispositif doit s’apparenter au mot d’esprit, il doit produire du plaisir afin que le patient s’approprie le jeu, le fasse sien, provoque l’envie et le désir de poursuivre l’aventure. L’art-thérapeute doit savoir produire du plaisir de faire chez l’autre. La proposition de l’art-thérapeute tient lieu de lien, établit la communication, crée le sens de la rencontre, une rencontre poétique hors champs.

Le cadre de la séance
Le cadre de la séance

Référence :

JP. Royol – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.
Joël Dor – Introduction à la lecture de Jacques Lacan – Denoël – 2002.