« C’est la psychanalyse qui peut rendre compte le mieux de l’effet de cette œuvre. » En 1966, sur France Culture, le flamboyant Jacques Lacan rendait hommage à Lewis Caroll, passant au tamis de la psychanalyse les Aventures d’Alice au pays des merveilles, célèbres et célébrées dans le monde entier.
Une archive à réécouter, alors que la jeune Alice souffle ses 150 bougies : c’est le 4 juillet 1865 que paraissait le récit de son passage à travers le miroir.
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Art-thérapie orientée par la psychanalyse, c’est quoi ?
Jean-Pierre Royol présente l’art-thérapie éclairée par la psychanalyse, il propose cette définition « L’Art-thérapie est une méthode qui consiste à créer les conditions favorables au dépassement des difficultés personnelles par le biais d’une stimulation des capacités créatrices. » Il ajoute qu’elle n’autorise aucune interprétation et respecte, en premier lieu, la liberté d’expression du sujet. Tout comme il l’indique dans sa définition, il s’agit de stimuler les capacités créatives, et non pas de créer une œuvre d’art. Qu’est ce que la créativité ? Je m’accorde avec la pensée de Racamier : vivre, c’est se créer. L’acte de créer mobilise toutes les ressources de la psyché et élargit l’espace du jeu et de la liberté, c’est dans cet espace que le sujet peut se mettre à l’œuvre. Racamier ajoute qu’on crée toujours pour soi, pour trouver ce qu’on n’a pas encore rencontré, ce qui rejoint l’idée même du trouvé-créé si chère à Winnicott.
L’art-thérapeute et le psychanalyste peuvent partager quelques outils. Le premier outil qu’utilise l’art-thérapeute est une nouvelle façon de penser l’autre, et de lui faire une juste place dans notre discours et dans les séances d’art-thérapie. L’art-thérapie emprunte un concept fondamental, le transfert, le déplacement de représentations subjectives sur la personne de l’art-thérapeute, traduit par un affect. Ces représentations indiquent les différents modes de relation du sujet avec ses objets, l’art-thérapeute porte le masque d’une autre représentation. Le transfert est un compromis entre désirs de nature différente, l’un actuel, l’autre inconscient. Le désir actuel est le masque du désir inconscient, le refoulement a condamné l’inconscient au masque. Le raté, le fantasmé est caché par le masque, on ne répète (le transfert est une répétition d’un acte refoulé) pas n’importe quoi. Tout le travail de l’art-thérapeute n’est pas de renvoyer le patient à cette réalité, mais d’accueillir, de faire avec le discours présent du patient. L’art-thérapeute accepte le jeu du transfert parce qu’il y a quelque chose qui se joue, il accepte le masque au nom de la vérité du sujet. L’art-thérapeute est lui-même renvoyé à son affect, il est mû par le contre-transfert. Le transfert du patient est induit par le contre-transfert de l’art-thérapeute qui dit son désir, l’art-thérapeute fait une offre et cela entraîne une demande.
Un autre outil que l’art-thérapeute va emprunter à la psychanalyse est l’emploi des entretiens préliminaires, ces premières séances qui permettent à l’art-thérapeute de cerner la demande du patient et conduisent au désir manifeste qui sera la dynamique même des séances. Tout le travail de l’art-thérapeute consiste à cerner le désir du patient, à proposer une ouverture sur lui-même, sur son désir et sur le monde qui l’entoure.
L’éthique du bien faire est présente en art-thérapie qui est aussi une éthique du désir. Mais que veut dire bien faire pour l’art thérapeute ? Bien faire ne veut pas dire chercher à séduire ou à plaire, ni vouloir rendre beau, l’art-thérapie ne cherche pas non plus à faire faire à autrui ce qu’il a à faire. L’art-thérapie respecte la personne dans son expression entière, son expression singulière. La séance art-thérapeutique permet à tout un chacun d’apprendre son symptôme, de l’accepter, de vivre avec, de nouer et dénouer des liens, de composer avec ce symptôme qui est au cœur même du sujet.
L’art-thérapie est une création, une co-création dans un espace de recherche, d’inventions, un espace de libre-pensée, d’envolées imaginaires. Un espace où se manifeste aussi le silence, l’intervalle qui offre une espace vide nécessaire au déploiement du désir.
Références :
JP. Royol – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.
PC. Racamier – Le génie des origines – Bibliothèque scientifique Payot – 1992.
Winnicott Donald Wood – Jeu et réalité – Traduction JB Pontalis – Folio essai – 1971.