Ombre et Lumière – Journées d’études de la sfpeat

Journées d’automne les 5, 6 et 7 décembre 2014 à l’institut protestant de théologie, 83 boulevard Arago, 75014 Paris.

Dans les arts plastiques, l’ombre côtoie la lumière, les opposés se complètent nécessairement. Ces contraires habitent nos existences : nous avons souvent besoin de faire la lumière et parfois de sauvegarder une part d’ombre.

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Une saison chez Lacan – Pierre Rey

« Je me ruai dans une librairie pour acheter les Écrits. J’eus beau les parcourir toute la nuit, je n’y compris absolument rien. En apparence, Lacan utilisait pourtant les mots de tout le monde, mais la façon dont il truffait le contexte à des places énigmatiques leur conférait une connotation ambigüe qui rendait évanescent le sens de la phrase, privée soudain de ses automatismes ordinaires.
L’alternative était simple : ou j’étais stupide, ou ces textes relevaient du pur délire.
(…) Dès qu’il s’agit de langage, unique bien commun reçu en partage de naissance, chacun s’imagine que la faculté de s’exprimer donne le droit de comprendre et que l’accès au son débouche obligatoirement sur celui du sens. » Pierre Rey

Il est vraiment difficile d’avoir accès aux écrits de Lacan, nul doute sur ce fait, Pierre Rey décrit avec précision ce que l’on ressent quand on commence à se pencher sur cette expérience.
Cependant, beaucoup d’auteurs (Nasio, Chaumon, Dor…) nous aident à saisir les codes de cette nouvelle langue, et en avançant à petit pas, on commence à avoir accès à un autre mode de pensée et de logique qui sont une expérience explosive pour la psychée.
J’ai pu rester bloquée plusieurs heures sur une phrase qui me laissait en plein désaroi, comme si je sentais qu’elle contenait un sens caché. Avancer vers Lacan, c’est aller vers une expérience inédite qui permet de se remettre en question mais aussi c’est avancer vers la créativité.

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Pierre Rey – Une saison chez Lacan – Points – Éditions Robert Lafon et n° 1 – 1989.

 

Art-thérapie, Réel, Symbolique, Imaginaire.

En séance, le patient invente un objet éphémère en passant par l’imaginaire, l’art-thérapeute l’a invité à créer ce qu’il a imaginé. Afin de représenter, le patient enveloppe sa trace dans la force du symbolique, avec les mots et les images qui comptent pour lui. Il se confrontera au manque de manière à représenter, le réel éveille le sujet.

C’est le travail de l’art-thérapeute de proposer de soutenir la distinction du plan imaginaire de celui du réel. Sa fonction est d’assouplir l’imaginaire, source de souffrance qui se situe dans la comparaison, afin de restaurer le symbolique qui se trouve du coté des opposés et renvoie à la différentiation.

Références :

Dor Joël – Introduction à la lecture de Lacan – Denoël 2002.
Royol Jean-Pierre – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.

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L’art-thérapeute doit-il être artiste ?

L’art-thérapeute offre un espace qui permet de convoquer l’imaginaire et tout à la fois de le contenir. L’imagination est en lien avec la créativité, elle est singulière, pour chacun une image est en lien avec sa propre intimité.
Lorsqu’on est artiste, on a ressenti que ce que l’on a mis dans une œuvre n’est pas forcément ce que l’autre voit. Ainsi, un art-thérapeute qui pratique une discipline artistique pourra accueillir cette différence. Cependant, il ne peut guider l’autre dans sa discipline qui lui appartient et qui est son chemin personnel. L’autre doit pouvoir faire son chemin seul en présence d’un autre.
L’objet imaginé en séance naît d’une réponse à une demande, au sein d’une rencontre. Il est le support de l’éveil de la vie psychique d’un sujet, il permet de déposer une trace interne. Tandis que l’objet créé par l’artiste vient du désir de l’artiste, il répond à son envie ou son besoin, c’est un acte qui fait réponse à ses pulsions dans la sublimation. Il peut choisir d’offrir son objet au regard de l’autre. On peut peut-être dire de l’artiste qu’il a trouvé son mode d’expression.
Aussi, Lacan annonce dans le séminaire Les non-dupes, du 9 avril 1974 : « De l’art, nous avons à prendre de la graine. » Que veut-il nous dire ? Que peut-on emprunter à l’évasion du poète ? « Une solitude sans laquelle on ne fait rien » disait Marguerite Duras lorsqu’elle parlait du geste d’écrire. Ou encore « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » comme l’annonce Pierre Soulages ? L’art fascine et invite à avoir un certain rapport avec l’inconnu, avec l’inconnu en nous, l’artiste jongle avec son vide de structure. L’art est une source de recherche pour l’art-thérapeute, il permet un emprunt de modèles, cependant, il travaille à ne pas les induire.

Références :

Winnicott Donald Wood – La capacité d’être seul – De la pédiatrie à la psychanalyse.
Lacan Jacques – Les non dupes errent – 1973 – 1974.

Interview avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute

EXTRAIT de l’interview de Rozalina Dotchava avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute.
Rozalina Dotchava : – J’aimerais revenir sur le statut de l’objet en art-thérapie: différent de celui de l’objet d’art, il se construit dans le transfert, il doit être le plus éphémère possible, ni conservé, ni exposé… ce dernier … pourquoi ?
Nathalie Bonnes : – L’objet en art-thérapie est un prétexte à la parole, à la relation transférentielle. Il vient inscrire cette relation dans un moment donné qui a peu de rapport avec la réalité. C’est un objet qui fait partie de l’intime du patient parce que justement il est créé dans un espace transférentiel, dans une relation particulière. Des choses s’y inscrivent et se disent de l’intime du patient. Des choses de l’ordre du fantasme, de l’ordre d’une « autre scène ». Pour ces raisons il est impossible d’exposer aux yeux de tous quelque chose qui fait partie de l’insu du patient, qui est sorti de son inconscient ou qui a permis l’ouverture de cet inconscient lors d’un instant rapide, fugace. Il y a des choses que l’on doit garder en mémoire sans être obligé de les avoir constamment sous les yeux, dans le sens où elles ne témoignent que d’une « vérité éphémère », envelopper d’un voile protecteur. Cet objet n’a rien à voir avec le « beau, l’esthétique, le pur ». Il a à voir plutôt avec le « pur réel », l’impensable, l’impossible à dire. Il ne doit pas devenir persécuteur en nous regardant constamment comme nous le regardons et comme d’autres nous voient le regarder et le regardent aussi. Cela deviendrait malsain il me semble et à l’inverse de ce que nous cherchons.

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Nathalie Bonnes-Perrot

Vous pouvez lire l’interview entière sur les liens suivants :

Partie 1

Partie 2

Art-thérapie et narcissisme

L’écoute de l’art-thérapeute se situe dans un renoncement. Il a renoncé à se valoriser personnellement, il ne recherche pas la reconnaissance de l’autre et se coupe de toute manipulation possible de sa part. Il veillera à l’économie narcissique de son moi. Il doit être une oreille particulièrement attentive qui encourage la formation de l’expression de signifiants. Par son écoute, il propose à l’autre d’élargir sa réflexion, il l’accompagne ainsi dans sa recherche.
Le narcissisme de l’art-thérapeute s’il n’est pas mis en veille, peut déranger le cours du processus art-thérapeutique. Comme tend à le démontrer Chaumon dans son ouvrage, il ne faudrait pas que l’espace art-thérapeutique fasse la promotion d’un art-thérapeute gouvernant ses pulsions, et étant la vivante incarnation d’un être idéal. Cela démontrerait un moi maître en sa demeure et situerait alors l’art-thérapie dans les thérapies adaptatives.
Lacan nous ouvre la voie, en nous proposant de travailler en supervision afin de sentir (entre autres), notre égo et de nous permettre de nous situer comme un être faillible.

Référence :

Chaumon Franck – Lacan, La loi, le sujet et la jouissance – Michalon le bien commun – 2004. P 47 à 56.

Lola Valérie Stein

Ces images d’Olivier Stein, nous font percevoir un autre regard sur le personnage de Lola Valérie Stein… à découvrir.
« Elle ne parla que pour dire qu’il lui était impossible d’exprimer combien c’était ennuyeux et long d’être Lol V. Stein. »

À propos de Marilyn Lol
« Nous mettrons ici le même écart entre « être dupe » et « se faire la dupe » qu’il y a entre l’objet du fantasme d’un homme et accepter de s’en faire l’objet cause du désir. Cet écart est celui de l’accés à une place de semblant. Se faire l’objet du fantasme masculin conduit une femme à cette relation de « ravage » qui caractérise aussi bien la relation mère-fille quand, enfant, elle se fait objet du désir « pervers » de la mère. Tandis qu’accepter de se faire l’objet cause du désir pour un homme, accepter de se prêtre à la perversion masculine, souligne l’accès à une place de semblant. Adopter cette place est une façon pour une femme de se faire la dupe du choix de l’inconscient. »

Extrait de texte de M-F De Munck, Le croyant et la dupe.

Références :

Marguerite Duras – Le Ravissement de Lol V. Stein – Folio – Éditions Galimard 1964.
Le blog d’Olivier Steiner