L’art-thérapeute offre un espace qui permet de convoquer l’imaginaire et tout à la fois de le contenir. L’imagination est en lien avec la créativité, elle est singulière, pour chacun une image est en lien avec sa propre intimité.
Lorsqu’on est artiste, on a ressenti que ce que l’on a mis dans une œuvre n’est pas forcément ce que l’autre voit. Ainsi, un art-thérapeute qui pratique une discipline artistique pourra accueillir cette différence. Cependant, il ne peut guider l’autre dans sa discipline qui lui appartient et qui est son chemin personnel. L’autre doit pouvoir faire son chemin seul en présence d’un autre.
L’objet imaginé en séance naît d’une réponse à une demande, au sein d’une rencontre. Il est le support de l’éveil de la vie psychique d’un sujet, il permet de déposer une trace interne. Tandis que l’objet créé par l’artiste vient du désir de l’artiste, il répond à son envie ou son besoin, c’est un acte qui fait réponse à ses pulsions dans la sublimation. Il peut choisir d’offrir son objet au regard de l’autre. On peut peut-être dire de l’artiste qu’il a trouvé son mode d’expression.
Aussi, Lacan annonce dans le séminaire Les non-dupes, du 9 avril 1974 : « De l’art, nous avons à prendre de la graine. » Que veut-il nous dire ? Que peut-on emprunter à l’évasion du poète ? « Une solitude sans laquelle on ne fait rien » disait Marguerite Duras lorsqu’elle parlait du geste d’écrire. Ou encore « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » comme l’annonce Pierre Soulages ? L’art fascine et invite à avoir un certain rapport avec l’inconnu, avec l’inconnu en nous, l’artiste jongle avec son vide de structure. L’art est une source de recherche pour l’art-thérapeute, il permet un emprunt de modèles, cependant, il travaille à ne pas les induire.
Références :
Winnicott Donald Wood – La capacité d’être seul – De la pédiatrie à la psychanalyse.
Lacan Jacques – Les non dupes errent – 1973 – 1974.