Petit écrit sur le souffle vital dans la philosophie chinoise, dans l’ouvrage de François Cheng Vide et plein.
La philosophie chinoise pense l’univers, l’homme tout en étant un être spécifique, est pensé entre terre et ciel. Le vide se présente comme un pivot dans le fonctionnement du système de la pensée chinoise, il entretient un rapport étroit avec le couple yin-yang.
Le vide n’est pas une présence inerte, il est parcouru par des souffles reliant le monde visible avec le monde invisible, il représente l’origine.
« Dans l’optique chinoise, le vide n’est pas, comme on pourrait le supposer, quelque chose de vague ou d’inexistant, mais, un élément éminemment dynamique et agissant. Lié à l’idée des souffles vitaux et du principe d’alternance ying-yang, il constitue le lieu par excellence où s’opèrent les transformations… »
Dans la philosophie chinoise, le vide, élément central de l’école taoïste, est l’origine, ce qu’il y a avant ciel et terre, le rien. Il est ainsi qualifié l’état originel auquel doit tendre tout être : le Tao (la voie) est manifestation du vide.
Huai-nan-tzu : « Le Tao a pour origine le vide. Du vide né du cosmos dont émane le souffle vital. »
Le vide est l’état vers lequel on doit tendre, il vise la plénitude (le plein) ; autrement dit, il n’y a pas de plénitude sans ce vide. C’est la reconnaissance de ce vide qui apporte le souffle vital : le vide médian. Le souffle vital ou vide médian est nécessaire au couple yin-yang, yang représente la force active, et le yin, la douceur réceptive. Le souffle vital engendre le mouvement qui empêche le yin et le yang de se figer. C’est le modèle qui insuffle souffle et vie à l’être humain, qui permet d’accéder à la transformation interne et à l’unité harmonisante. Il maintient l’harmonie entre les opposés.
« Dans le développement linéaire du temps, le vide, chaque fois qu’il intervient, introduit le mouvement circulaire qui relie le sujet à l’espace originel. Ainsi une fois de plus, le vide qui réside à la fois au sein de l’origine et au cœur de toute chose, est le garant du bon fonctionnement de la vie dans le cadre espace-temps. »
L’auteur parle dans son livre de ce souffle vital, le vide médian qui traverse et donne toute force aux œuvres des peintres, mais aussi à la musique et à la poésie.
Commentaire personnel :
L’auteur François Cheng dans son livre le vide et le plein, dit toute sa gratitude à son maître Jacques Lacan en début d’ouvrage, il n’y a pas de hasard…
On pourrait dire que c’est la conscience de ce vide médian existentiel qui confère la valeur de la vie. En ce sens, le souffle du neutre, ouvrage de M. Royol, rejoint la pensée chinoise du souffle vital, le vide médian. Le souffle relie l’état de non-être à l’état d’être, par l’origine. Le souffle insuffle le désir d’être, il est la dynamique de la vie.
F Cheng indique dans son livre que travailler sur le vide dans l’art, peinture, musique et Poésie, permet de reconnaitre en soi, d’une certaine façon le vide médian, le souffle vital, le souffle du désir. Je pense que le travail de l’art-thérapeute est de concevoir des dispositifs ou le jeu avec ce vide médian est possible. Si l’art-thérapeute inclut dans son dispositif ce souffle, le patient pourra alors s’en saisir s’il le souhaite.