Archives pour la catégorie Art-thérapie

Colloque sfpeat

Ce colloque m’a confrontée aux différentes façons de penser l’art-thérapie. J’ai pu entendre les différences de pratiques qui se situent dans un clivage, soit la pratique donne une croyance dans la production d’un objet artistique, soit la pratique est éclairée par les vertus de la rencontre où l’objet n’est qu’un prétexte.
J’ai pu, comprendre l’importance de bien dire et justifier notre métier et de situer notre place dans le champ du soin à la personne. Cette expérience invite à mieux dire notre pratique, à prendre position, à faire notre chemin dans la singularité.
De nombreuses conférences étaient centrée sur le choix d’un artiste et l’interprétation de leur oeuvre, ceci afin de mieux comprendre les processus psychiques en cours de création.
Cependant, je m’interroge parce que le patient en séance d’art-thérapie n’est pas en position d’artiste créateur d’une oeuvre. Aussi une interprétation d’œuvre ne peut être que subjective, même rendue par l’artiste lui-même, elle ne nous parlera de lui et seulement de l’instant où il a crée, à un moment précis.

Entretien avec Pierre Soulages

«J’ai toujours dit que c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » Pierre Soulages

Ombre et Lumière – Journées d’études de la sfpeat

Journées d’automne les 5, 6 et 7 décembre 2014 à l’institut protestant de théologie, 83 boulevard Arago, 75014 Paris.

Dans les arts plastiques, l’ombre côtoie la lumière, les opposés se complètent nécessairement. Ces contraires habitent nos existences : nous avons souvent besoin de faire la lumière et parfois de sauvegarder une part d’ombre.

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Art-thérapie, Réel, Symbolique, Imaginaire.

En séance, le patient invente un objet éphémère en passant par l’imaginaire, l’art-thérapeute l’a invité à créer ce qu’il a imaginé. Afin de représenter, le patient enveloppe sa trace dans la force du symbolique, avec les mots et les images qui comptent pour lui. Il se confrontera au manque de manière à représenter, le réel éveille le sujet.

C’est le travail de l’art-thérapeute de proposer de soutenir la distinction du plan imaginaire de celui du réel. Sa fonction est d’assouplir l’imaginaire, source de souffrance qui se situe dans la comparaison, afin de restaurer le symbolique qui se trouve du coté des opposés et renvoie à la différentiation.

Références :

Dor Joël – Introduction à la lecture de Lacan – Denoël 2002.
Royol Jean-Pierre – Art-thérapie – Au fil de l’éphémère – Dorval Editions 2013.

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L’art-thérapeute doit-il être artiste ?

L’art-thérapeute offre un espace qui permet de convoquer l’imaginaire et tout à la fois de le contenir. L’imagination est en lien avec la créativité, elle est singulière, pour chacun une image est en lien avec sa propre intimité.
Lorsqu’on est artiste, on a ressenti que ce que l’on a mis dans une œuvre n’est pas forcément ce que l’autre voit. Ainsi, un art-thérapeute qui pratique une discipline artistique pourra accueillir cette différence. Cependant, il ne peut guider l’autre dans sa discipline qui lui appartient et qui est son chemin personnel. L’autre doit pouvoir faire son chemin seul en présence d’un autre.
L’objet imaginé en séance naît d’une réponse à une demande, au sein d’une rencontre. Il est le support de l’éveil de la vie psychique d’un sujet, il permet de déposer une trace interne. Tandis que l’objet créé par l’artiste vient du désir de l’artiste, il répond à son envie ou son besoin, c’est un acte qui fait réponse à ses pulsions dans la sublimation. Il peut choisir d’offrir son objet au regard de l’autre. On peut peut-être dire de l’artiste qu’il a trouvé son mode d’expression.
Aussi, Lacan annonce dans le séminaire Les non-dupes, du 9 avril 1974 : « De l’art, nous avons à prendre de la graine. » Que veut-il nous dire ? Que peut-on emprunter à l’évasion du poète ? « Une solitude sans laquelle on ne fait rien » disait Marguerite Duras lorsqu’elle parlait du geste d’écrire. Ou encore « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » comme l’annonce Pierre Soulages ? L’art fascine et invite à avoir un certain rapport avec l’inconnu, avec l’inconnu en nous, l’artiste jongle avec son vide de structure. L’art est une source de recherche pour l’art-thérapeute, il permet un emprunt de modèles, cependant, il travaille à ne pas les induire.

Références :

Winnicott Donald Wood – La capacité d’être seul – De la pédiatrie à la psychanalyse.
Lacan Jacques – Les non dupes errent – 1973 – 1974.

Interview avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute

EXTRAIT de l’interview de Rozalina Dotchava avec Nathalie Bonnes-Perrot, art-thérapeute.
Rozalina Dotchava : – J’aimerais revenir sur le statut de l’objet en art-thérapie: différent de celui de l’objet d’art, il se construit dans le transfert, il doit être le plus éphémère possible, ni conservé, ni exposé… ce dernier … pourquoi ?
Nathalie Bonnes : – L’objet en art-thérapie est un prétexte à la parole, à la relation transférentielle. Il vient inscrire cette relation dans un moment donné qui a peu de rapport avec la réalité. C’est un objet qui fait partie de l’intime du patient parce que justement il est créé dans un espace transférentiel, dans une relation particulière. Des choses s’y inscrivent et se disent de l’intime du patient. Des choses de l’ordre du fantasme, de l’ordre d’une « autre scène ». Pour ces raisons il est impossible d’exposer aux yeux de tous quelque chose qui fait partie de l’insu du patient, qui est sorti de son inconscient ou qui a permis l’ouverture de cet inconscient lors d’un instant rapide, fugace. Il y a des choses que l’on doit garder en mémoire sans être obligé de les avoir constamment sous les yeux, dans le sens où elles ne témoignent que d’une « vérité éphémère », envelopper d’un voile protecteur. Cet objet n’a rien à voir avec le « beau, l’esthétique, le pur ». Il a à voir plutôt avec le « pur réel », l’impensable, l’impossible à dire. Il ne doit pas devenir persécuteur en nous regardant constamment comme nous le regardons et comme d’autres nous voient le regarder et le regardent aussi. Cela deviendrait malsain il me semble et à l’inverse de ce que nous cherchons.

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Nathalie Bonnes-Perrot

Vous pouvez lire l’interview entière sur les liens suivants :

Partie 1

Partie 2

Art-thérapie et narcissisme

L’écoute de l’art-thérapeute se situe dans un renoncement. Il a renoncé à se valoriser personnellement, il ne recherche pas la reconnaissance de l’autre et se coupe de toute manipulation possible de sa part. Il veillera à l’économie narcissique de son moi. Il doit être une oreille particulièrement attentive qui encourage la formation de l’expression de signifiants. Par son écoute, il propose à l’autre d’élargir sa réflexion, il l’accompagne ainsi dans sa recherche.
Le narcissisme de l’art-thérapeute s’il n’est pas mis en veille, peut déranger le cours du processus art-thérapeutique. Comme tend à le démontrer Chaumon dans son ouvrage, il ne faudrait pas que l’espace art-thérapeutique fasse la promotion d’un art-thérapeute gouvernant ses pulsions, et étant la vivante incarnation d’un être idéal. Cela démontrerait un moi maître en sa demeure et situerait alors l’art-thérapie dans les thérapies adaptatives.
Lacan nous ouvre la voie, en nous proposant de travailler en supervision afin de sentir (entre autres), notre égo et de nous permettre de nous situer comme un être faillible.

Référence :

Chaumon Franck – Lacan, La loi, le sujet et la jouissance – Michalon le bien commun – 2004. P 47 à 56.

Art-thérapie en gérontologie

Les personnes placées en institution peuvent se sentir privées de repères, de moyens d’expression, elles peuvent rechercher un sentiment de sécurité interne, celui dont tout être humain a besoin pour être. Il est fréquent qu’elles se sentent destituées de leur pouvoir de décision, de leur expression propre, de leur position subjective. L’art-thérapie offre la possibilité de faire advenir le sujet et de permettre la restitution de la place du sujet dans le langage. Le sujet selon Lacan s’appréhende dans les effets des manifestations langagières d’une personne, adressées à une autre dans le transfert. Tel est le cadre proposé dans l’espace d’art-thérapie. Le langage de l’art-thérapie, s’éprouve dans une expression artistique, dans le dépôt d’une trace qui permettrait au sujet de s’exprimer. Tout le travail de l’art-thérapeute est de proposer au sujet les moyens pour qu’il puisse vivre en son langage.

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Lucian Freud – The painter’s mother resting.